LES PIEGES CLASSIQUES DU MOTARD DEBROUILLARD AU PLATEAU

Ah ce bon vieux temps où je bataillais avec le plateau…


Quand tu payes 45 balles de l’heure, tu t’attends à être accompagné et soutenu.


Ou a minima, à recevoir des instructions claires pour te débloquer sur la partie qui te bloque le plus comme les demi-tours, le premier virage du lent ou donner la bonne impulsion sur l’évitement…


Bref, savoir quoi faire pour progresser dans cette marée de choses à penser en même temps.


« Faut que je fasse gaffe à mon regard, faut que je fasse gaffe à mon allure, faut que je fasse gaffe là au plot, à bien le prendre à l’extérieur… »


Sauf que dans les faits, on te montre vite fait les bases :

- Ceci est ton embrayage

- Ceci est ton frein arrière

- Ceci est ton accélérateur


Un dernier avertissement sur le frein avant qu’il faut éviter d’utiliser à allure lente et c’est parti :


« Fais-le sur le ralenti d’abord… »


Ouais mais j’ai aucun contrôle là et tu m’as pas expliquer comment faire pour tourner… et merde, je suis sorti du parcours.


« Ton regard! Ton regard! »


Ouais c’est bien beau ça mais si tu me disais OU regarder aussi ?


« Penche-toi en avant, ça va t’aider… »


Euh… mais comment je gère mes commandes en étant penché ? Et je dois regarder où en fait? …nan toujours pas, je suis censé deviner, c’est ça ?


Pendant ce temps-là, je regardais les autres, les « doués » réussir leur tests à blanc et avoir une date d’examen pour la semaine suivante.


Avec le même disque rayé qui tournait dans ma tête :


« Pourquoi moi je galère alors que, pour eux, ça a l’air d’être simple ?


Pourquoi, lui, je l’ai vu que deux fois en cours, et il a déjà son plateau ? »


Et encore, je me considère « chanceux » aujourd’hui. Il y en a qui ne reçoivent même pas d’instructions du tout!

Source: moto-securite.fr

On les invite à enchaîner les tours de parcours lent « en autonomie » jusqu’à ce que ça rentre.


Comme si tu devais deviner ce que tu dois faire…


Comme si tu savais si ce que tu fais est bien ou pas…


…alors que, justement, tu payes pour qu’on te dise quoi faire et si ce que tu fais est bien ou pas.


Perso, je savais que je galérais avec le parcours lent. Mais je ne savais pas pourquoi je galérais.


J’avais besoin de savoir ce qui n’allait pas pour ne plus faire les mêmes erreurs sur les mêmes trucs. Donc, je me suis dit que j’allais faire confiance aux “tutos plateau” de la toile en priant que quelqu’un réponde à mes questions laissées en commentaire.


Le problème avec cette approche, c’est que…


D’une part, ça va te prendre un temps fou pour arriver à quelque chose de "correct". Donc, à 45,00 € de l’heure en moyenne, ton budget risque de prendre une claque.


Et tu auras juste ça.

Un niveau "correct".


Et d’autre part, le mode essai-erreur implique de faire (et potentiellement répéter) des erreurs.


Sans savoir que ce sont des erreurs.


Tu le sais aussi bien que moi. Les habitudes ont la vie dure.

Donc tu risques de conserver ces mauvaises habitudes par la suite.


Sauf qu’une mauvaise habitude à moto... c’est (très) risqué.


En plus de ça, comme tu n’as que peu de feedback, tu ne sais pas si ce que tu as trouvé comme solution pour réussir l’exercice est vraiment...


...ce que tu dois faire à moto pour gérer ta moto dans la vraie vie.


Le genre de nuances qui fait que...


...tu es capable de naviguer dans une zone de graviers, alors que tu as appris à manier ta moto sur un bitume bien lisse.


Comme au Québec, lorsque je parcourais l’une des plus belles balades à moto du Canada, que j’ai contourné le Lac Beaven par la gauche au lieu de la droite et que j’ai dû me taper 7 km de pur gravier.

...tu es capable de gérer des bouchons en pente, là où le parcours lent de ton école était parfaitement plat ou presque.


Comme à Paris, où je croisais souvent des deux-rouistes qui perdaient l'équilibre dès que ça freine sur les Champs-Elysées parce que ça grimpe.


... tu es capable de ne pas te manger le camion qui déboule pleine balle dans ta voie parce que la route n’est pas assez large pour deux.


Comme à Bali, entre jungle et rizières, où il fallait rester vigilant aux camions qui déboulent d'en face et déboitent d'un coup pour dépasser une autre voiture.


Alors que cette voiture mord déjà sur ta voie parce que les routes ont été prévues pour deux bécanes qui se font face, pas pour deux voitures.

Source: Intrepid Moto Tours

Capable, ou pas.


Ce sont trois situations qui se présentent sans prévenir une fois que tu es sur la route. Et ce n’est pas une question de “si” ça va arriver mais de “quand” ça va arriver.


Selon là où tu roules, ça sera plus moins fréquent.


Ce que je veux te dire, c'est que tu ne sais pas quand quelle situation va apparaître et te prendre par surprise.


C'est pour ça que qu'il faut te rappeler que le but n’est PAS tant de réussir les exercices du plateau mais bien d’apprendre à manier correctement une moto à allure lente, et rapide.


Car les exercices (et l’examen) ne sont qu’un moyen de vérifier que tu as bien appris ces savoirs-faire.


Réussir les exercices n’est qu’une conséquence de ton apprentissage, pas un objectif à atteindre en tant que tel.


Relis ces deux dernières phrases et laisse- les mijoter en toi.

Elles ont (beaucoup) plus d’importance qu’on ne le dirait.


Elles représentent le cœur du changement que tu dois opérer dans ta tête à propos du plateau.


Ces deux phrases vont faire que :


Soit tu restes bricoler un truc dans ton coin.


Rien de mal à ça.


C'est pas comme si ton école t'avait donné le choix (même avec tous les zéros qu’il y avait sur ton chèque).


Tu fais du mieux que tu peux.


La contrepartie c'est que tu risques d’être hyper stressé le jour de l’examen* parce qu’au fond de toi, tu sentiras que tes compétences sont du bidouillage. Et qu’elles sont donc malheureusement bancales.


(*et potentiellement sur la route aussi)


Soit tu reprends le contrôle de tes leçons. Tu apprends à maîtriser ta moto comme un pro. Et tu deviens un motard confiant. Autant pour l’examen que pour le restant de tes aventures sur bitume.


Comment est-ce que je peux affirmer ça ?


Tout simplement parce que je suis passé par toutes ces étapes. Et que je ne souhaite à personne de galérer autant que je l’ai fait.


Perso, après deux échecs, j’ai dit « fuck it » et j’ai pris une pause dans mes leçons.


Ça tombait bien, mon pote Adam rentrait d’Angleterre et il me proposait d’apprendre ça à l’anglaise pour m’aider avec mes histoires de parcours lent.


A l’anglaise tu dis?


Ouep, en Angleterre, sept candidats sur dix réussissent leur plateau du premier coup.


Source: Driver and Vehicle Standards Agency - Ministère des Transports d'Angleterre

Quand nous on se contente d’à peine un candidat sur deux qui réussit…


Et ça, ce n’est que le début.


Dans quelques instants, tu vas pouvoir viser encore plus haut avec neufs chances sur dix de réussir ton plateau du premier coup