Quand tu échoues au plateau, le coût monétaire est assez évident à imaginer :
Tu reprends une dizaine d’heure pour te préparer à le repasser, à 45€ de l’heure, ça te fait 450€.
Ajoute à ça, la présentation supplémentaire à l’examen qui est facturée 1,5 heure, soit 65,5€.
Et on arrive à un total de 517,5€.
Ça fait mal au portefeuille.
Mais ce qui fait le plus mal, c’est le coup au moral.
A peu de choses près ce que j'avais envie de faire avec mon casque à ce moment-là...
A peine plus d’une chance sur deux de réussir le plateau... je symbolisais à moi tout seul cette statistique.
La honte:
Autant de raisons pour lesquelles j’ai pris la décision de mettre mes leçons de plateau en pause et d’acheter ma future bécane.
Un Yamaha Fazer S2 de 2002, couleur Reddish Yellow Cocktail.
Je me rappelle de cette après-midi avec autant de détails qu’un film tourné en Ultra Haute Définition.
A l’époque, tu pouvais acheter ta bécane avant d’avoir le permis qui va bien. Tu ne pouvais juste pas la conduire bien évidemment.
Quand j’ai vu sa gueule de frelon dans la vitrine du concessionnaire d’en bas de chez moi…
…je suis tombé amoureux au premier regard.
Dans la seconde, j’ai signé un chèque. Histoire de me remonter le moral.
Puis j’ai appelé mon pote Adam pour qu’il m’aide à la récupérer avec sa remorque.
Motard, il venait de revenir de Londres pour s’installer à Paris et avait un emplacement pour stocker ma moto jusqu’à ce que j’obtienne mon permis.
Ce qu’il ne m'avait pas dit, c’est qu’il m’avait réservé une surprise pour fêter mon achat.
Juste à côté de son entrepôt, il y avait un centre commercial qui avait fermé ses portes.
Le parking attenant était fermé à la circulation avec d’énormes blocs de béton. Impossible d’y aller en caisse.
En bécane par contre, oui.
Ce parking servait donc de piste à une moto-école du coin pour ses cours de plateau.
Les marques au sol étaient là. Quelques cônes posés au sol et paf! Une piste pour s’entraîner gratis.
Mais ce n’était pas tout.
En bon ami, Adam m’avait concocté une session à l’anglaise pour débloquer mes problèmes de parcours lent.
« Allez, fais-moi voir ce que tu sais faire! » me lâcha-t-il avec un sourire narquois.
Concentration…
Je m’élance sur le lent, ma bête noire au plateau…
Mon équilibre est bancal, ma gestion de l’allure est chaotique, mon regard…
N’en parlons même pas.
Ma trajectoire est mauvaise, je pose un pied.
Recalé.
Au bout de deux-trois essais, il me lâcha la punchline du siècle :
« Mec, c’est normal que tu galères! »
Ton parcours lent commence par un virage, ce qui est beaucoup plus dur que de la ligne droite.
Viens on travaille ton allure lente en ligne droite déjà ! »
Je me frappais le front.
C’était TELLEMENT évident!
On s’asseyait donc quelques minutes pour qu’il m’explique comment il avait appris l’allure lente en Angleterre.
Il y a trois blocs de compétences pour maîtriser l’allure lente :
« Si tu cherches encore comment gérer ton point de patinage, tu ne pourras pas te concentrer sur ton équilibre et encore moins sur ta trajectoire.
Viens, on va faire les exercices de la technique des RPM, puis on passera à la technique de la friction, et ensuite on fera la technique de l’effleurement.
Tu verras qu’après ça, tu seras capable de faire de l’allure lente en ligne droite, et donc de déjà valider le passage du tunnel entre les piquets.
On continuera comme ça jusqu’à ce que tu maîtrises les 10 techniques dont tu as besoin pour réussir tout le parcours lent ! »
En seulement quelques minutes, les trois premières techniques étaient acquises. Je maitrisais l’allure (très) lente en ligne droite.
J’étais choqué.
Et dis-toi qu’un Fazer, c’est une vieille bécane à carbu. Pas de l’injection électronique comme on a aujourd’hui.
Ça demande un certain doigté.
La moindre erreur et tu cales brutalement.
Quelques heures de plus pour corriger mes mauvaises habitudes et mes problèmes de trajectoire et de pieds posés étaient de l’histoire ancienne.
Mon cerveau fumait:
Ça avait été trop facile, j’avais du mal à y croire.
Mais en même temps, c’était TELLEMENT logique.
Du gros bon sens.
C’est comme ça que j’avais appris à boxer.
C’est comme ça que j’avais appris à jouer du piano.
C’est comme ça qu’on apprend à marcher et à courir.
Etape. par. étape.
On commence par la base. Puis on ajoute de la complexité. Au fur et à mesure.
Avec tout l’argent que j’avais dépensé dans des leçons, pourquoi on ne m’avait pas expliqué ça en moto-école au lieu de me faire répéter bêtement le parcours lent ?
Enfin bref…
A la fin de la journée, ce qui compte c’est le résultat.
Le seul problème qui me restait au plateau était le parcours lent. Et je venais de le régler pour de bon.
J'ai quand même repris quelques heures de cours avec l'auto-école pour me rafraîchir la mémoire sur le reste du plateau avant de me présenter à l'examen une nouvelle fois.
La transformation était palpable.
La MT-07 de l'école s'était transformée en bicyclette tellement c'est devenu facile de la manier. Le parcours lent s'était transformée en jeu d'enfant. Et l'examen ne serait plus qu'une formalité.
Pas surprenant quand tu venais d'appliquer une méthode d’apprentissage qui te donne sept chances sur dix de réussir ton examen...
Source: bennetts.co.uk, assurance anglais qui ne fait que de la moto
Mais l’aventure ne s’arrête pas là.
Quelque temps plus tard, la vie m’emmenait au Canada et je n’étais pas au bout de mes surprises.
Lacs, forêts, montagnes… un million de kilomètres de routes à explorer… le rêve!
Le seul hic?
Les caribous ne reconnaissaient pas mon permis moto français.
Je te laisse imaginer la frustration de devoir repasser à la caisse enregistreuse après autant de batailles au plateau… mais je n’allais très clairement pas me priver d’un terrain de jeu pareil et je n'étais pas au bout de mes surprises...
Dis-toi que le Canadien moyen n’a connu dans sa vie que des boîte auto en bagnole. Contrairement à nous, il ne s’est jamais servi de son pied gauche de sa vie.
Les concepts d’embrayage et de changement de vitesse lui sont étrangers quand il s’inscrit au permis moto.
Pour autant, là-bas, ils te transforment ces plus-que-débutants en motards qui se valent en seulement 11 heures de cours alors qu’ils doivent gérer trois fois plus d’élèves que dans un cours standard en France de trois élèves.
Le parcours lent ?
C’est réglé après 2 heures 45 de cours.
Source: photo dérobée par ton serviteur en backstage
Et leur taux de réussite au plateau ?
Nos amis anglais nous avaient déjà donné la solution pédagogique pour atteindre 70% de réussite au plateau en se focalisant sur la technique.
Et nos amis canadiens sont venus y ajouter un ingrédient supplémentaire pour créer un cocktail qui te fait progresser à très grande vitesse et t’amène à 90% de chances de réussir ton plateau du premier coup.
Source: Motorcycle Training Organization
Oui, tu as bien lu : neuf chances sur dix de réussir ton plateau du premier coup.
Le meilleur dans tout ça ?
C’est 100% compatible avec le plateau français et tu peux l’appliquer dès ton prochain cours de plateau.
Alors, qu’est-ce que t’en dis…
Prêt à entrer dans la nouvelle ère de l’apprentissage de la moto ?